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Photo du rédacteurElora Veyron-Churlet

Retour sur le procès de Charlie Hebdo révélateur de la scission de la gauche

Je vais revenir aujourd’hui sur le procès historique de Charlie Hebdo, journal satirique crée en 1970 qui se tient du 2 septembre au 10 novembre 2020 au tribunal judiciaire de Paris.

Pour rappel, ce procès revient sur les attentats du 7 janvier 2015 où les frères Chérif et Saïd Kouachi qui prétendent appartenir au groupe terroriste Al Quaida au Yemen font irruption dans la rédaction du journal et tuent douze personnes, parmi lesquelles des membres historiques de Charlie Hebdo : Charb,Wolinski,Tignous, Cabu et Honoré. Un autre Homme Le lendemain, Amédy Coulibaly qui se réclame de l’état islamique tue 5 personnes (une policière à Montrouge et 4 personnes dans un supermarché casher porte de Vincennes). L’attaque terroriste contre le journal satirique, en plus d’etre la première attaque de la série des attentats du Bataclan et de Nice en France sous la présidence de François Hollande, est perçue comme une atteinte à la liberté d’expression et à la liberté de la presse, et de nombreuses manifestations de soutien sont alors organisées partout dans le monde.

Aujourd’hui, les 3 hommes sont morts ce ne sont donc pas eux qui sont jugés mais 14 personnes soupçonnées d’avoir aidé les terroristes, jugés à différents niveaux. Les 3 personnes les plus importantes sont celles qui ont aidé Amedy Coulibaly : Ali risa pola ( bras droit d’AC et le lien entre les différentes personnes accusées dans le procès), mohamed Belhoucine est accusé d’avoir écrit la lettre où AC explique appartenir à l’organisation Etat Islamique et l’avoir aidé à créer des adresses email et enfin Hayat Boumeddiene est accusées de s’etre procurer des voitures et de l’argent pour acheter des armes et du matériel pour les attentats.

Ils risquent tous les 3, la perpétuité soit 30 ans de prison en France, seul Ali risa pola est au procès puisque les deux autres ont fuis en Syrie avant les attentats. Les autres, tous présents sont jugés pour « association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes » ( en autres termes aide pour les préparations des attentats)


Pourquoi est-il historique ?

C’est seulement le 2 -ème procès organisé pour un attentat terroriste en France après celui des tueries de mohamed merrah qui s’est tenu en 2017.

D’une ampleur inédite : 200 parties civiles, 144 témoins et 14 experts avec plus de 2 mois et demi de procès (sécurité renforcée) initialement prévu du 4 mai au 10 juillet, il a été reporté.

Ce procès sert à répondre aux questions des victimes : par qui ? grâce à qui ? comment ça s’est passé et pourquoi ? d’autant plus qu’il est filmé pour s’inscrire dans l’histoire, il participe à la construction de la mémoire collective rouvrant une question fondamentale « Que sont dans la société nos valeurs de justice, d’humanité, de valeur et de liberté » comme l’a indiqué Francois Molins l’ancien procureur de la rep de paris.

De là nait une polémique faut-il arrêter ou continuer de traiter les sujets même s’ils sont considérés comme du blasphème ? Quelles valeurs priment ? celle de la liberté d’expression ou le respect des religions.

Si le but des terroristes était de détruire la solidarité ou la liberté d’expression en France, cela à au contraire crée une vague de solidarité mondiale et a poussé plus que jamais les dessinateurs à s’exprimer pour lutter contre cette forme d’autoritarisme, cette atteinte à cette liberté, une des plus fondamentales de notre démocratie. Nous vivons dans une réalité où nous pouvons tuer pour un dessin, tuer pour des idées. De là, le métier de dessinateur de presse à été mis au cœur des préoccupations. On a touché à l’international : pour la liberté d’expression d’un côté, pour l’interdiction au Blasphème de l’autre.

Seulement, 5 ans après les faits, la polémique est toujours là et la France s’est polarisée.

Le procès du crime de Charlie Hebdo n’est pas un procès d’un crime de droit commun. C’est un crime politique et idéologique

Pourquoi revenir sur ces évènements qui ont maintenant 5 ans, que peut on attendre d’un tel procès alors que les principaux coupables ont déjà été tués le jour du massacre ?

Réaffirmer les libertés dans un cadre social.

C’est un Moment collectif et un procès pour l’histoire. Le but est de rappeler les faits, le contexte, face à une génération qui le comprend de moins en moins pour entretenir la mémoire et la justice. Des gens sont morts pour avoir réalisé leur métier et le procès a pour vocation d’informer sur une polémique dans la volonté de défendre la liberté d’expression et non pas d’inciter à la haine. Etablir les faits est donc la fonction première de ce procès car les éléments sont trop récents pour avoir du recul dessus et les acteurs jugés sont mineurs puisque les acteurs majeurs ne sont plus là.


France traditionnelle est laïque et cette laïcité de combat qui s’est construit contre le catholicisme et non pas l’islam puisqu’il n’existait pas encore en France.

La France traditionnelle s’est construite dans la rébellion à l’autorité anti cléricale et anti-autoritaire. C’est la tradition de la révolution française, mai 68 qui prône la liberté à tout prix. Charlie c’est donc cette France de gauche avec le fameux slogan «il est interdit d’interdire »

Journal repris plusieurs fois dans l’histoire et incarne cette gauche libertaire, provocatrice, grande gueule et pour tout le monde, Charlie c’est ça.

Mais autre tradition de la gauche a émergé avec l’immigration ( en majorité des populations musulmanes), c’est la gauche anticoloniale qui ont une haine contre le blasphème. C’est de là que naissent les Polémiques de scissions entre gauche traditionnelle qui dit : on ne se couchera pas contre la liberté de blasphème et l’autre gauche indigéniste qui se place au côté du débat, contre le racisme. Ceci explose l’union de la gauche et dit quand on attaque l’islam on attaque les immigrés. on observe donc une Rupture historique de la gauche par Charlie hebdo lorsqu’ils ont republiés les caricatures qui ont dressées dans le monde entier contre le Danemark. Charlie republie en solidarité car ils se dresse à côté de la liberté d’expression face aux interdits de la religion. En France on n’a pas le droit d’interdire la caricature de prophète. Or, selon un sondage récent 20% des musulmans de France pensent que Charlie a eu ce qu’il méritait. Le drame est que Charlie a été frappé par ceux qui défendait, car sa ligne éditoriale est de critiquer, ce n’est pas un acte raciste islamophobe puisqu’il s’attaque au pape depuis des années. Ils se sentent donc abandonnées. Le soutien est de moins en moins présent dans la pop car ils ont gagné en justice avant les attentats, mais ils sont morts de leur victoire.

« Je suis Charlie » veut dire même si je suis blessé même si je suis contre, c’est je sais qu’on est en France et que les valeurs sont ce droit fondamentale, la liberté de m’exprimer. Au delà du meurtre il y a l’acceptation du meurtre. Cela pose des questions du vivre ensemble. On pourrait trouver d’autres modalités pour obtenir un consensus entre les deux parties mais qui ne sont pas les valeurs de la France.

La rhétorique dit : dire du mal de l’islam veut dire que je suis raciste. La Gauche française qui se met à lutter contre le racisme dit que Charlie est devenu raciste car ils attaquent l’islam. Charlie dit que c’est le pacte social historique français. Le problème ici est le vivre ensemble : quelle est la valeur suprême la lib d’expression ou le respect de la religion.

Le combat du moment est cela combat entre gauche indigéniste et la gauche traditionnelle (Charlie défend immigration et la diversité mais les valeurs et la liberté d’expression est au-dessus de tout) jusqu’où pouvons-nous aller ?

« je pense qu’un président de la république, en France, n’a jamais à qualifier le choix éditorial d’un journaliste, d’une rédaction, jamais parce qu’il y a une liberté de la presse à laquelle vous tenez à juste titre profondément. Parce qu’il y a en France toutes ces libertés la Liberté de conscience, la liberté d’expression des journalistes de faire ces choix, la liberté de blasphème mais le devoir de ne pas avoir profaner de haine et de respecter. »

La réception internationale de Charlie mal prise car beaucoup de pays n’ont pas le droit de critiquer/et de blasphémer. Cela pose la question de l’intégration des valeurs de l’islam dans les valeurs de la république française. Loi de la République est moins importante que les règles des religions.



Elora Veyron-Churlet

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