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Photo du rédacteurElora Veyron-Churlet

L'esclavage moderne à travers "Magique système" de Barthélémy Gaillard et Christophe Gaillard

Je pense qu’avant de me pencher sur la question, j’étais au courant évidemment que l’esclavage existait encore aujourd’hui et pourtant je ne savais pas tellement sous quelle forme. On a tous l’image de l’esclavage colonial et du commerce triangulaire mais dans notre monde moderne cela reste très tabou et pourtant cela représente 40 millions de personnes en 2020.


Sans faire de recherches, j’ai pensé peut-être aux ouvriers du textiles sous payés ou des gens forcés de travaillés. Parce que rappelons-le, esclave selon le CNRL signifie une personne privée de liberté qui se trouve sous la dépendance absolue d’un maitre dont elle est la propriété.

Ainsi en cherchant, j’ai trouvé plusieurs exemples, notamment en France comme des réfugiés, privés de papiers forcés de travailler pour une famille bourgeoise jusqu’au remboursement du passeur, idem au Bangladesh, seul pays musulman qui autorise la prostitution et qui en fait un véritable commerce parallèle contre le gré des jeunes filles.

Mais en cherchant bien, je me suis intéressé à un autre monde, un monde où acheter des personnes est légal, seulement ce recrutage n’est pas toujours bien intentionné… ce monde est celui du foot.

Je vais vous présenter Magique système écrit par deux recruteurs Barthélémy Gaillard et Christophe Gleizes dénonce les arnaques et les trafics de joueur en Afrique au profit du rêve Européen. Contrairement à l’image qu’on se fait des esclaves, ces victimes sont consentantes, La première raison reste évidemment la misère. C’est pour cela qu’on ne trouve pas de victimes sud-africaines ou marocaines mais du Nigeria, Sénégal, cote d’ivoire Cameroun et le guana. 23% du foot mondial est africain car ils sont recrutés pour rien, ils sont vendus des millions : c’est une extraordinaire plus-value.


Ces jeunes élevés dans la rue n’ont qu’un échappatoire : le football alors dès qu’une offre se présente à eux, ils sont prêts à tout lâcher et à tous les sacrifices en contre partie de la promesse d’un jour participer aux compétitions internationales qu’il ne verront jamais pour la plupart. Ces jeunes dont l’âge a été pour 90% d’entre eux modifié ( on les appellent régulièrement les -3 en ref aux 3 ans qu’ils retirent à leur âge pour augmenter leurs chances de réussite). L’auteur parle d’un nouveau commerce triangulaire avec des intermédiaires qui lâche


des mineurs (même si la législation n’autorise pas le commerce du foot avant 18ans) seuls, pour la plupart illettrés dans un territoire inconnu, sans papiers.

Ces nouveaux marchands d’esclaves qui vendent du rêve aux jeunes qui souhaitent rejoindre l’Europe coute que coute. Ils ruinent leurs familles qui misent tout sur leur enfant et du jour au lendemains ils disparaissent pour ne jamais revenir, cachés par la honte, en cherchant désespérément de l’argent pour rembourser le passeur sans mettre en danger leur famille. Ils deviennent au mieux, remplaçant dans un club de 3 ème division en Belgique, sans papiers et condamnés à la clandestinité. Cloitrés dans un 20mètre carré à 8, ils sont forcés à travaillés et sont sans cesse menacés. Assujettis à ces « colons » attirés par le nouvel or noir pour reprendre les termes du livre, ils n’ont plus la possibilité de s’en sortir. Selon l’ONG foot solidaire cette vie est la réalité de 6000 enfants chaque année. Ces migrants footballeurs sont victimes de fausses promesses et les trafiquants exploitent ce rêve populaire d’enfant en quête d’ascension sociale.


Le livre ne parle pas de Traffic de joueur comme les médias le font mais de « traite » exercée à toutes les échelles. L’auteur explique le terme de « traite » par sa définition : il s’agit de personnes organisées qui transportent des individus d’un pays à l’autre dans un but lucratif. Cette expression tirée de l’époque coloniale a ici sa place selon l’auteur car les intermédiaires achètent des enfants crédules à des fins monétaires et abusant de leur position dominante par la tromperie ou l’abus de leurs droits accompagné d’un aspect illégale qui alourdit la balance. La Belgique est un exemple de maltraitance généralisé dans des foyers de « faux clubs » comme ATDF, remplis de jeunes qui restent dans l’espoir de se faire repérer. Ils acceptent de dormir à même le sol dans des locaux remplis ou parfois même à la rue, sont tabassés dans les vestiaires qu’ils sont forcés de nettoyer, après avoir été insultés : ces enfants sont traités comme des bêtes comme l’explique l’auteur. Certains remplis de cicatrices se sont à présent enfuit mais sont forcés de se cacher puisqu’ils sont sans papiers à présent dans des camps de migrant. Ne parlant pas la langue, ils signent des contrats à l’aveugles et jouent sans etre payés pendant des mois. Pour l’auteur ces dessous du foot est un crime organisé qui n’est pas dénoncé car la fifa ferme les yeux ( La plupart des dirigeants sont corrompus et officiellement les joueurs de ses clubs ont en moyenne 18,3 ans contre 12/13 ans la plupart du temps) et la honte de ses jeunes face à cette arnaque qu’ils ne peuvent raconter à leurs familles qui a tout sacrifiés pour eux. Ils ne peuvent retourner au pays et cherchent un plan B. Certains finissent parfois dans des réseaux de prostitution ou SDF et sont de nouveaux pris dans les vices de l’esclavage. Les « colons » se volent des joueurs entre eux motivés par l’argent, il n’y a plus aucune règle.

La télévision au pays est l’un des principales causes des rêves déçu car personne ne leur explique la réalité du monde du football et les parents devant ce semblant de facilité les retire de l’école avant même leur entrée au collège. Des associations créent alors des clubs conjuguant entrainement et cours scolaire garantissant aux moins bons un avenir professionnel notamment au Sénégal avec espoirs du foot. Ces associations ont la charge de les prévenir du danger du Traffic et leur ouvrir une autre porte de sortie pour fuir la misère. Le principal problème reste le consentement des victimes et on se permet tout avec l’africain qui a une confiance « aveugle ». Pour beaucoup, le foot est le seul moyen d’obtenir un visa européen et ils sont prêt à tout donner. Ce n’est pas de la naïveté mais l’espoir irrésistible d’une meilleure vie ainsi que la pression familiale qui permet à ce business de prospérer. Avoir un footballeur à la maison est l’équivalent d’un puit de pétrole dans ces pays.

L’éducation et l’accès à l’information est aujourd’hui l’arme la plus puissante contre ces trafics humains.


Elora Veyron-Churlet

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