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Photo du rédacteurElora Veyron-Churlet

James Angleton ; l'ami de Kim Philby

Surnommé « Le fantôme gris » dans les couloirs de la CIA, James Jesus Angleton est curieux et intriguant. C’est un vrai personnage de roman ;

Né en 1917 à la fin de la 1ère GM d’un père américain et d’une mère mexicaine, Angleton, vit en Italie. Il part ensuite faire ses études à Yale puis à Harvard. Au début de la guerre alors que la CIA n’existe pas encore, il a terminé ses études de droit et postule donc pour l’OSS, un nouveau service crée par les Américains. Pour former ses agents les Américains demandent de l’aide aux britanniques qui ont une grande expérience dans le domaine. Il rencontre Kim Philby un agent double, un des as d’intelligence service ISS en réalité engagé par le KGB qui forme alors Angleton aux techniques de l’espionnage alors qu’il est lui-même une taupe.

Très talentueux, curieux, intelligent, sceptique, il présente toutes les qualités pour le contre-espionnage. Il commence comme lieutenant des forces alliées pour l’OSS en Italie. Dès la fin de la guerre il montre la mesure de son talent. La guerre froide alors est en gestation et l’activité des centres de renseignement occidentaux est tourné vers l’est : l’ennemi de demain. L’Italie est donc un pays très intéressant pour sa situation géographique mais surtout préoccupante pour la puissance de son parti communiste. Le jeune espion recrute des informateurs, il a donc un rôle primordial dans la formation des réseaux anti communistes où il engage des anciens espions des services secrets de Mussolini l’OVRA. Il est au cœur des ratslines, des réseaux chargés d’exfiltrer les anciens nazis vers des abris, notamment en Amérique latine où les Etats Unis récupèrent les spécialistes du renseignement ou de la lutte anti communiste qui pourraient être utiles dans la perspective de la guerre froide. Le jeune espion excelle dans toutes ses activités donc lorsqu’il rentre aux USA en 1949, on lui propose un poste important au sein de la CIA qui a été créée 2 ans plutôt par le National Security Act.

Il est chargé d’animer l’OSO, l’office des opérations spéciales qui lui permettront de revoir son maître Kim Philby devenu chef adjoint du contre espionnage britannique. Ces retrouvailles sont provoquées par Angleton lui-même, puisqu’il est chargé de relation avec les services de renseignement allié. Il lui fallait un interlocuteur dans chaque organisme dont le plus important était l’intelligence service car la grande bretagne était le bastion avancé des Etats Unis en Europe. Ainsi, Philby son ancien mentor devient officier de liaison de l’intelligence service à Washington. C’est comme ça que la CIA n’a désormais plus beaucoup de secret pour le KGB. Ce choix pose question car il pourrait lui aussi être une taupe d’autant plus qu’il a lourdement insisté pour que Philby vienne à Washington, mais cela peut également être dû à son immense admiration pour lui. Pourtant, Angleton aurait sans doute été plus utile aux soviétiques en étant bien fidèle aux Américains, pour semer le trouble dans leurs services par son scepticisme poussé à l’extrême.

L’agent double lui a mis en tête que nombre des services occidentaux était infiltrés par le KGB pour accentuer le caractère déjà soupçonneux de son « ami » en pointant du doigt les échecs des services occidentaux dans les années 40 alors qu’il était lui-même un de ces principaux agents chargé de ces trahisons. Angleton montre donc les rouages les plus secrets de la CIA au bon plaisir des services soviétiques. Pourtant ils paraissaient être de très bons amis. En pleine période de Guerre Froide, durant la guerre de Corée et du grand maccartysme, où tout sympathisant communiste était chassé, Angleton soupçonnait tout le monde même le sénateur Mccarthy d’être un agent soviétique car sa campagne anti-communiste était trop acharnée puisqu’elle décribilisait les Etats unis et provoquait l’hostilité l’opinion mondiale. Une chasse aux sorcières avantageuse pour les soviétiques puisqu’elle détournait les regards de ce qui se passait en URSS. Le géni de Philby a été de découvrir cette fêlure chez Angleton et de l’agrandir. Le grand mystère ne se porte non pas sur leur amitié qui était peut-être sincère mais surtout intéressée mais sur les réelles activités d’Angleton puisque les 32 rapports des entretiens entre les 2 hommes ont mystérieusement disparu sans qu’on ne puisse en découvrir le contenu. Vers 1954, Angleton, devenu un des acteurs essentiels de la CIA accède à la direction du service de contre-espionnage américain et restera 20 ans à ce poste. Il lui revenait de dénicher les traîtres et sonder les transfuges. C’est un poste qui requière méthodologie et qualités psychologiques et qui passionnait Angleton.Sa paranoïa a déclenché chez lui une obsession à voir partout des agents doubles. Ses soupçons portent alors sur le secrétaire d'État Henry Kissinger qu'il soupçonne d'être sous influence soviétique, au-delà de l'Atlantique, il soupçonne le directeur du service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE) français Paul Grossin et considère que le SDECE est noyauté par le KGB, ce qui déstabilise le service français. Ce qui ramène au travail de déstabilisation que Philby préparait. Angleton, par le partage de ses soupçons à son ami, permit donc l’exfiltration de 2 agents de Cambridge (infiltrés par la CIA au royaume unis) à temps. Philby a fait croire à Angleton qu’il existait un agent double encore plus puissant à la CIA nommée « la grosse taupe » par Angleton qu’il pourchassa jusqu’à la fin de sa carrière sans qu’elle n’existe vraiment, du moins si on ne compte pas l’agent britannique lui-même. Le but de Philby est que Angleton poursuive sa chasse qui fait beaucoup de victime (de licenciement principalement) au sein de l’agence américaine et qui la désorganisait en permanence. Ce travail d’orfèvre s’acheva lorsque Philby fût démasqué par les britanniques. Cette révélation fût un coup terrible pour le grand agent chasseur de taupe qui n’avait su voir que son ami en était une. Il en sorti plus méfiant qu’auparavant encore mais cela n’aura pas d’incidence sur sa carrière puisqu’il ne sera viré que 12 ans plus tard en 1974.

Il serait le plus grand chercheur de taupe soviétiques de l’histoire de la CIA, mais on a des doutes puisque ce chef des contres espionnages américain qui voyait des espions partout pourrai être lui-même une taupe, un agent double chargé de mettre de la pagaille dans les services secrets occidentaux, en déstabilisant et en révoquant les meilleurs éléments par le doute qu’il instaurait perpétuellement. On a que très peu d’information sur lui et ses actions. Son véritable rôle en tant qu’espion pdt la guerre froide est encore un mystère.

La personnalité d'Angleton a inspiré plus ou moins librement des personnages divers La Sape (The Spike) ; dans le cinéma dans la quatrième saison du Bureau des Légendes, le personnage joué par Mathieu Amalric se fait appeler JJA.


Elora Veyron-Churlet

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